Qu'est-ce que la RE2020 ?
La réduction de la dépendance énergétique et les enjeux environnementaux ont conduit les pouvoirs publics à s’engager sur plusieurs fronts : rénovation énergétique de l’habitat existant, encouragée par de nombreux dispositifs d’incitation fiscale, et nouvelle réglementation environnementale pour les constructions neuves. Cette RE2020 qui a succédé à la RT2012 se veut à la fois plus ambitieuse et plus exigeante que sa prédécesseure. Le point sur les grandes lignes d’une réforme qui est entrée en vigueur en 2022.
La RE2020, quelques éléments de contexte
La RE2020 marque une évolution dans l’approche réglementaire de l’efficacité énergétique.
Pourquoi une « réglementation environnementale » ?
La volonté de réduction de la consommation énergétique des bâtiments en France s’est traduite par un ensemble de règles constituant la réglementation thermique. Plusieurs versions se sont succédées depuis la première, en 1974, et la réglementation environnementale 2020 qui a remplacé la RT2012. Ce changement d’appellation traduit une évolution dans la philosophie du législateur et une plus grande ambition : le périmètre de la réglementation va désormais au-delà des considérations purement thermiques en fixant des objectifs de maîtrise de l’impact environnemental des bâtiments neufs.
Comment est née la RE2020 ?
Le lancement du label E+C- (pour énergie positive/réduction carbone) fin 2016 avait pour objectif d’aider à la définition des exigences de la future réglementation. Un retour d’expérience sur la construction d’un millier de bâtiments à énergie positive et à faible bilan carbone a permis d’en savoir plus sur la faisabilité technique et la soutenabilité économique de ces nouvelles normes.
Parmi les principales nouveautés introduites dans la RE2020 grâce à cette expérimentation figurent la réduction de l’impact carbone des bâtiments neufs et la garantie d’un confort d’été dans le logement. Deux notions que nous présentons plus bas.
Zoom sur le référentiel BEPOS (Bâtiment à énergie positive). Un bâtiment à énergie positive produit plus d’énergie qu’il n’en consomme pour son fonctionnement. Ce référentiel a remplacé le BBC (bâtiment basse consommation), label dont les exigences ont été reprises dans la RT2012. Si elle est fortement encouragée, la construction de BEPOS n'est pas obligatoire dans la RE2020. |
Quels sont les objectifs et les exigences de la RE2020 ?
La RE2020 poursuit trois grands objectifs : réduire l'empreinte carbone des bâtiments, poursuivre l'amélioration de la performance énergétique des bâtiments neufs et adapter l'habitat au changement climatique.
Réduire l’empreinte carbone des bâtiments
C’est là son enjeu majeur et la principale nouveauté par rapport à la RT2012. Les nouveaux bâtiments devront dorénavant respecter des normes minimales concernant leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) tout au long de leur cycle de vie : que ce soit les émissions de GES liées à la consommation d'énergie, mais aussi celles relatives aux matériaux de construction et équipements utilisés.
Pour y parvenir, sont privilégiés :
• Les équipements et matériaux à l’empreinte carbone réduite, tels les isolants biosourcés.
• Le recours aux énergies décarbonées et/ou renouvelables. Rappelons à ce sujet que la France s’est engagée à atteindre la neutralité carbone à horizon 2050, ce qui suppose un abandon des énergies fossiles. Les modes de chauffage privilégiés par cette réglementation reposent principalement sur l'aérothermie, la géothermie et le solaire.
Encourager la sobriété énergétique
Les seuils de consommation d'énergie primaire sont réduits d'environ 15 % à 20 % par rapport à la RT2012.
De plus, la RE2020 fixe des exigences encore plus ambitieuses en ce qui concerne le besoin bioclimatique des bâtiments (Bbio), visant à diminuer davantage les besoins en chauffage, en refroidissement et en éclairage par rapport à la RT2012 (avec une réduction d'environ -30% par rapport à la dernière réglementation thermique.
Adapter l’habitat au changement climatique
La RE2020 a aussi pour ambition d'adapter l'habitat au réchauffement climatique et d'aider à maintenir une température clémente lors des vagues caniculaires. Cette notion de « confort d’été », qui est aussi une des grandes nouveautés de la nouvelle réglementation, se veut une réponse aux limites des bâtiments RT2012 en période de très forte chaleur
Depuis quand est-elle applicable ?
Si la date d'entrée en vigueur de la RE2020 est le 1er janvier 2022, elle s'applique en plusieurs étapes en fonction du type de bâtiment :
- Depuis le 1er janvier 2022 pour les maisons individuelles et les logements collectifs ;
- Depuis le 1er juillet 2022 pour les bureaux et bâtiments d'enseignement ;
- Depuis le 1er juillet 2023 pour les extensions de petite surface d'habitation, bureaux et autres habitations légères de loisirs ;
- Après le 30 juin 2024 (la date précise n'est pas encore connue) pour les bâtiments tertiaires spécifiques (hôtels, commerces, gymnases...).
À noter que le décret tertiaire fixe les règles pour les bâtiments tertiaires déjà existants, contrairement à la RE2020 qui vise les constructions neuves.
Bbio, Cep Nr, Dh, IC énergie : les principaux indicateurs
Le point sur les 4 indicateurs phares utilisés dans la RE2020.
L'indicateur bioclimatique Bbio
Le coefficient Bbio permet de mesurer les besoins de chauffage, de refroidissement et d’éclairage d’un bâtiment selon sa position géographique sur le territoire. Exprimé en points, on le détermine de la manière suivante :
Bbio = 2 x besoin en Chauffage + 2 x besoin en Refroidissement + 5 x Besoin en éclairage
Le niveau maximum autorisé par la RE2020 sera de 63 points en maisons individuelles et 65 points en logements collectifs.
L'indicateur Cep de consommation d'énergie primaire
Le Cep mesure la quantité d'énergie primaire nécessaire pour le chauffage, le refroidissement, la ventilation, la production d'eau chaude sanitaire et l'éclairage d'un bâtiment, exprimée en kilowattheures par mètre carré et par an (kWh/m²/an). Ce coefficient vise à évaluer l'efficacité énergétique globale d'un bâtiment en prenant en compte toutes ses sources de consommation énergétique.
La RE 2020 prévoit un niveau maximum de 75 kWhep/m²/an en maison individuelle et de 85 kWhep/m²/an en logement collectif.
A noter que le Cep Nr ne mesure que la part non renouvelable de consommation d'énergie primaire. Les valeurs maximales autorisées sont de 55 kWhep/m²/an en maison individuelle et de 70 kWhep/m²/an en logement collectif
L'indicateur Degrés-heures, ou confort d'été
Le confort d’été est mesuré à l’aide des « degrés heures d’inconfort » ou indicateur DH. Celui-ci s’appuie sur les données météorologiques du territoire concerné et simulera une période caniculaire. Il permet de mesurer non seulement la durée de l’inconfort mais également son intensité.
L'indicateur IC énergie
Cet indicateur mesure l'impact de la consommation d'énergie primaire totale d'un bâtiment sur le changement climatique, à horizon 50 ans.
C'est donc l'un des nouveaux critères utilisés pour évaluer la performance énergétique des bâtiments neufs. Il vise à encourager la réduction de la consommation d'énergie primaire et à favoriser l'utilisation de sources d'énergie renouvelable.
Issus d'un calcul complexe, les seuils à ne pas dépasser sont exprimés en kg équivalent CO2/m².
Qu'est-ce que la RE 2020 simplifiée ou allégée ?
La RE2020 allégée s'applique uniquement aux petites surfaces de moins de 50 m2, comme les extensions de maison. Cette version simplifiée de la règlementation environnementale adapte les exigences pour prendre en compte les spécificités des petites surfaces : performance énergétique, bilan carbone, énergies renouvelables, étanchéité à l'air.