Les isolants minces
Excellents compléments des matériaux d'isolation traditionnels, les isolants minces sont appréciés par les professionnels du bâtiment pour leur faible épaisseur et leur légèreté. Ces isolants multicouches haute performance sont utilisés pour doubler les murs intérieurs ou isoler un sol sous chape en béton. Ils font aussi office d'écrans de sous-toiture isolants. De leur composition à leur mise en œuvre, en passant par la réglementation en vigueur, éléments d’explication sur cette famille de matériaux prometteurs en rénovation énergétique.
Qu’appelle-t-on un isolant mince et quels sont ses atouts ?
Avec des avantages reconnus en matière d'isolation et de mise en oeuvre, les isolants minces ont gagné des parts de marché depuis quelques années. On vous présente ces matériaux performants, que l'on appelle indifféremment "isolants fins", "PMR", "isolants réfléchissants", "isolants multicouches" ou "isolants minces thermoréfléchissants".
Qu’est-ce qu’un isolant mince ?
Apparus dans les années 1980, les isolants minces se sont positionnés comme une alternative aux isolants conventionnels comme les laines minérales et les isolants synthétiques.
Avant tout, les isolants minces se distinguent de ces derniers par leur faible épaisseur : de 10 à 30 mm contre 60 à 200 mm pour une laine de verre en rouleau, par exemple. Ces matériaux sont également multicouches, c'est-à-dire sont constitués de fines couches de matériaux d’origines diverses (laines animales ou végétales, ouates, mousses synthétiques…) prises entre deux couches d’un film réflecteur métallisés (de l’aluminium, le plus souvent). D'où leur appellation d'isolant réflecteur, à l'aspect brillant caractéristique.
Le pouvoir réflecteur de l’isolant mince lui permet d’atteindre des performances thermiques intéressantes : en renvoyant le rayonnement thermique, le film en aluminium qui les recouvre sur les deux faces agit comme un miroir qui empêche les déperditions de chaleur.
Côté conditionnement, ce type de matériau se présente sous forme de rouleaux ou de panneaux.
Les atouts des isolants minces
Les isolants minces multicouches ont d’indéniables atouts, parmi lesquels :
- Un faible encombrement. C’est le principal point fort mis en avant par leurs fabricants. En réduisant l’épaisseur de la couche d’isolant nécessaire, on préserve de précieux mètres carrés lorsqu'aucune alternative n'est satisfaisante.
- Un confort thermique amélioré, en toutes saisons : leur composition contribue à retenir la chaleur et empêcher le froid de pénétrer en hiver et à renvoyer le rayonnement vers l’extérieur en été.
- Une pose facilitée par leur faible poids.
- Leur non toxicité et leur excellente résistance au feu. L’absence de poussières lors de l’installation d’un isolant mince est un avantage face aux laines minérales.
- La fonction de pare-vapeur, dont la majorité des modèles disposent.
Mur intérieur, toiture, sol : les usages des isolants multicouches
Dans le bâtiment, les isolants minces s’utilisent majoritairement en isolation thermique par l'intérieur (ITI) : doublage des murs, isolation des rampants sous toiture, mais aussi traitement thermique des sol.
Comment isoler un mur intérieur avec un isolant mince thermo-réflecteur ?
Comme leur nom le suggère, les isolants minces jouent leur atout maître quand il s'agit de limiter la perte de surface habitable. D'où leur emploi pour le doublage de murs intérieurs sur les chantiers de rénovation, en complément d'un isolant traditionnel. Malgré leur prix relativement élevé en regard des isolants traditionnels, ils se révèlent un choix judicieux dans les zones où la tension immobilière fait grimper les prix du mètre carré… Comme à Paris où, de surcroît, la préservation des façades haussmaniennes limite fortement le recours à l'isolation thermique par l'extérieur (ITE).
Sur les murs, la pose d'un isolant mince obéit à des consignes strictes incluant, en particulier, la présence d'une lame d'air de 2 cm minimum, ainsi qu'un traitement méticuleux de l'étanchéité. De plus, la plupart des isolants minces faisant office de pare-vapeur, il convient de s'assurer que le support ne comporte pas déjà un tel dispositif, sous peine de voir apparaître des problèmes de condensation. En résumé, comme pour un isolant classique, la qualité de la pose joue un rôle déterminant dans l'efficacité du système d'isolation. Un chantier à confier à un professionnel, de préférence.
La pose d'un isolant fin dans les combles
Dans les combles aménageables, la pose d'un isolant mince est là aussi une solution gain de place. Le choix de ce matériau séduit aussi pour sa rapidité de pose. À noter également que le traitement de l'étanchéité doit faire l'objet d'une mise en œuvre scrupuleuse.
Utiliser les isolants minces au sol
La rénovation thermique d'un sol par le dessus confronte inévitablement à une perte de hauteur sous plafond. De manière générale, l'emploi des isolants minces apporte une réponse intéressante, dans la mesure où leur faible épaisseur contribue à préserver le volume de la pièce. En pose sous chape, certains matériaux minces offrent une résistance élevée à la compression et font des substituts intéressants aux isolants plus classiques (polyuréthane, par exemple). Posés sous un plancher intermédiaire, ils se révèlent profitables pour limiter les bruits d'impact. Dans le cas d'un plancher chauffant, les isolants thermo-réflecteurs favorisent également la répartition de la chaleur.
En isolation extérieure, quelles sont les applications des isolants minces ?
Les isolants minces ont aussi leur place sur les chantiers d'isolation extérieure, en pose sous bardage notamment : du fait de leur épaisseur réduite, ils n'entraînent pas de modification majeure de l'aspect extérieur du bâtiment. Ces matériaux, flexibles et faciles à façonner, permettent de créer une barrière étanche uniforme et ainsi, de traiter les ponts thermiques avec efficacité.
On peut également employer les isolants minces pour isoler une toiture par l'extérieur, en complément d'un isolant classique (laine minérale, par exemple) : le matériau est tendu entre les chevrons et joue le rôle d'un pare-vapeur performant, en assurant l'étanchéité à l'eau et à l'air de la toiture. À noter que certains fabricant produisent des solutions spécifiques, combinant un isolant mince et un écran de sous-toiture.
Quelle performance thermique pour les isolants minces ?
La performance thermique des isolants minces, qui se traduit par la valeur de la résistance thermique R, fait l'objet d'âpres débats parmi les spécialistes de l'isolation. Ces derniers s'opposent sur une question : "Les isolants réflecteurs peuvent-ils être employés seuls ou seulement en complément d'isolation ?"
Que dit la réglementation ?
La réglementation à l'égard des isolants minces a longtemps été inexistante en la matière. Le vide juridique a été comblé depuis l’arrêté du 30 décembre 2015, qui définit la norme NF EN 16012+A1 comme le seul référentiel encadrant les isolants minces. Cette norme introduit des critères précis, que ce soit pour les modalités de calcul du R ou les tests à réaliser pour justifier cette valeur. À noter que, lorsque ces isolants sont constitués de matériaux hétérogènes, chaque composant soumis aux tests de la norme NF EN 16012. Depuis son entrée en vigueur, plusieurs isolants minces ont ainsi obtenu une certification leur permettant d’être éligible aux aides fiscales comme les CEE (primes Énergie) ou MaPrimeRénov'.
À ce sujet, rappelons quelques-unes des valeurs seuils de R pour bénéficier d’une aide à la rénovation énergétique :
Isolation des murs | Isolation des rampants et plafonds de combles aménagés | Isolation des combles perdus |
R ≥ 3,70 m2.K/W | R ≥ 6,00 m2.K/W | R ≥ 7,00 m2.K/W |
Il est important de préciser que c’est bien l’ensemble de la solution d’isolation qui est certifiée conforme à la réglementation, et non le seul produit isolant mince. La mise en œuvre de ces solutions éligibles aux aides comprend le plus souvent :
• L’isolant mince, généralement en deux couches de manière à former une enveloppe isolante et étanche,
• Des lames d’air en parties intérieure, supérieure et centrale, chacune d’environ 30 mm d’épaisseur.
Les isolants minces : à employer seuls ou en complément d’une isolation ?
Tout dépend du produit considéré, de sa composition, de son épaisseur et de ses conditions de pose…
Prenons pour exemple un isolant mince de 10 mm : suite à une pose dans les règles de l'art, double lame d'air incluse, sa résistance thermique n'excèdera par R = 2 m².K/W. Dans ces conditions, ce matériau employé seul ne peut prétendre aux seuils réglementaires définis par les réglementations en vigueur (RE2020, RE Existant), toutes parois confondues (sol, mur, rampant sous toiture). Il constitue en revanche un bon complément d'une épaisseur de fibre de bois ou de laine de roche, pour l'isolation de combles aménageables.
D'autres produits visent toutefois des performances thermiques plus élevées. Dédiés en particulier à l'isolation de toiture par l'intérieur ou l'extérieur, ces isolants affichent une résistance thermique supérieure, de l'ordre de 5,70 m².K/W… pour une épaisseur de 50 mm. D'autres produits multicouches, employés en doublage de murs intérieurs, atteignent R = 4,00 m².K/W, pour une épaisseur de 100 mm environ.