La sécurité incendie en questions

La sécurité incendie des bâtiments est un domaine strictement réglementé et parfois complexe. Conception, choix des matériaux, protection active ou passive, réaction et résistance au feu, normes françaises ou européennes… L’encadrement et les règles en la matière méritaient un éclairage !

Comment évaluer la sécurité incendie d'un bâtiment ?

En matière de sécurité incendie, on distingue la protection active des mesures de protection passive. Parmi ces derniers, le choix des matériaux est un élément central des dispositifs de prévention. Leur comportement au feu est évalué selon deux critères : la réaction et la résistance au feu.

Protection active et protection passive

La protection active renvoie à l’ensemble des actions curatives engagées après déclenchement du feu. Elle regroupe à la fois les dispositifs mis en œuvre pour éteindre le feu et ceux permettant d’assurer la sécurité des personnes.

Les mesures de protection passive, abordées dans ce conseil d’expert, ont pour objectif de limiter les conséquences d’un incendie. Elles se définissent au moment de la construction du bâtiment.

La réaction au feu

La réaction au feu d’un produit caractérise son inflammabilité, c’est-à-dire sa capacité à s’enflammer et à favoriser le démarrage ainsi que le développement d’un feu. Elle est définie dans l’arrêté du 21 novembre 2002, qui distingue deux systèmes de classement :

  • le classement français « M », retenu pour les matériaux d’aménagement (certains matériaux à base de bois, peintures, papiers peints…),
  • les Euroclasses, norme européenne utilisée pour les produits de construction.

Bon à savoir : les produits marqués CE sont impérativement classés selon la classification Euroclasses.

La réglementation française

La norme française NF P 92-507 de 2004, dite classement M, répertorie cinq catégories de matériaux selon leur réaction au feu.

  • M0 : matériaux incombustibles (pierre, verre, céramique, laine de roche…),
  • M1 : matériaux combustibles et ininflammables (PVC, matériaux composites, laques et peintures sur supports incombustibles…),
  • M2 : matériaux combustibles et difficilement inflammables (revêtements muraux, panneaux de particules…),
  • M3 : matériaux combustibles et moyennement inflammables (bois non ignifugé, laine…),
  • M4 : matériaux combustibles et facilement inflammables (papier…).

Cette classification se base sur le temps de résistance d'un matériau à une température donnée. La mesure est effectuée par des laboratoires agréés par le ministère de l'Intérieur, comme le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB).

Bon à savoir : Le classement M, remplacé par les Euroclasses, n’est officiellement plus en vigueur. Toutefois, il est encore fréquemment utilisé par de nombreux fabricants.

Les Euroclasses

Le classement Euroclasses est né de la volonté d’harmonisation des critères d’évaluation de la réaction au feu dans l’Union Européenne.

Plus précis que la norme M française, il introduit trois nouveaux éléments :

  • l’opacité des fumées susceptibles d’être émises (classée sous la lettre « s »),
  • la projection d’éventuelles gouttelettes et débris enflammés (classée sous la lettre « d »),
  • la distinction entre les matériaux de sol (matérialisés « fl ») et les autres.

Les Euroclasses de réaction au feu comprennent, par performance décroissante vis-à-vis de la propagation du feu, sept classes :

  • A1 : aucune contribution au feu.
  • A2 : très faible contribution au feu.
  • B : faible contribution au feu.
  • C : contribution significative au feu.
  • D : contribution élevée au feu.
  • E : contribution importante au feu.
  • F : pas de comportement au feu déterminé.
  • Les critères de production de fumée sont matérialisés par la lettre « s » :
    • s1 : très faible production de fumée.
    • s2 : production limitée de fumée.
    • s3 : production élevée de fumée.
  • Enfin, la production de particules et/ou de gouttelettes enflammées est répartie en trois catégories.
    • d0 : pas de particule et/ou gouttelette enflammée.
    • d1 : particules et/ou gouttelettes enflammées ne persistant pas plus de 10 secondes.
    • d2 : ne répondant pas aux critères de d0 et d1.

Exemple : Un produit classée B-s2, d0 se caractérise par une faible contribution au feu et une production limitée de fumée. En outre, il ne produit aucune particule ou gouttelette enflammée.

Tableau de correspondance entre les deux classifications

Tableau de correspondance entre les deux classifications

 

La résistance au feu

La résistance au feu désigne le temps pendant lequel un matériau ou un élément de construction conserve ses propriétés lors d’un incendie. Elle est encadrée par l’arrêté du 22 mars 2004, qui introduit la classification européenne dans la réglementation française.

Trois critères sont pris en compte dans l’évaluation : la résistance mécanique, l’étanchéité aux flammes et aux gaz chauds, ainsi que l’isolation thermique.

  • La stabilité au feu, ou résistance mécanique, est symbolisée par la lettre R (pour résistance).
    • Elle se réfère à l’aptitude d’un élément à supporter une exposition au feu sous charge mécanique.
    • Les durées de classement sont exprimées en minutes : 10, 15, 20, 30, 45, 60, 90, 120, 180, 240 ou 360.
  • L’étanchéité au feu est symbolisée par la lettre E (pour étanchéité au feu).
    • Elle désigne la capacité d’un élément de séparation exposé au feu d’un seul côté à empêcher les flammes et les gaz chauds de le traverser.
    • Les durées de classement sont identiques à celles de la stabilité au feu.
  • L’isolation thermique au feu est symbolisée par la lettre I (pour isolation).
    • Elle traduit l’aptitude d’un élément de séparation exposé au feu d’un seul côté à empêcher la transmission de la chaleur. La température moyenne de la face exposée ne doit pas augmenter de plus de 140° C par rapport à la température initiale. De plus, la température maximale de la surface ne doit pas excéder 180° C.
    • Là encore, les durées de classement sont identiques à celles de la stabilité au feu.

Grille de lecture : un bloc béton REI 90 est capable de résister au feu durant 90 minutes, en conservant sa stabilité structurelle, son étanchéité au feu et sa capacité d’isolation. Selon l’ancienne nomenclature française, on parlait de structure coupe-feu 90.

À noter que réaction et résistance au feu ne sont pas liées. Un produit peut par exemple être incombustible et peu résistant au feu. C’est notamment le cas de certains types de verre.

 

Quelles sont les exigences réglementaires selon les bâtiments ?

La réglementation applicable aux bâtiments en matière de lutte contre les incendies est issue de différentes sources. Bâtiments d’habitation, établissements recevant du public (ERP), et immeubles de grande hauteur (IGH) sont en effet régis par des textes distincts.

Bâtiments d’habitation

La sécurité incendie des bâtiments d’habitation est encadrée par le Code de l’habitation et de la construction. L’arrêté du 31 janvier 1986 répertorie quatre familles de bâtiments d’habitation, faisant chacune l’objet d’exigences spécifiques.

  • 1ère famille : les habitations individuelles isolées ou jumelées de deux niveaux maximum,
  • 2ème famille : les habitations individuelles isolées ou jumelées de plus de deux niveaux,
  • 3ème famille : les habitations de plus de trois étages et de moins de 28 mètres de haut (soit environ sept étages sur rez-de-chaussée),
  • 4ème famille : les habitations d’une hauteur comprise entre 28 et 50 mètres au-dessus du sol.

À noter que l'arrêté du 19 juin 2015 modifie le texte du 31 janvier 1986 sur trois points principaux : la suppression de l’interdiction du bois en façade, la suppression de la limite haute pour les parcs de stationnement et l’extension de la distance entre les circulations horizontales des bâtiments de 3ème famille.

Établissements recevant du public (ERP)

L’arrêté du 25 juin 1980 ainsi que les articles R 123-1 et s. du Code de la construction et de l’habitation sont consacrés à la protection contre les risques d'incendie et de panique dans les immeubles recevant du public.

L’article R 123-5 stipule notamment que « les matériaux et les éléments de construction employés tant pour les bâtiments et locaux que pour les aménagements intérieurs doivent présenter, en ce qui concerne leur comportement au feu, des qualités de réaction et de résistance appropriées aux risques courus. »

La réglementation comprend des dispositions communes à tous les bâtiments, ainsi que des exigences spécifiques en fonction de leur typologie (qui correspond à leur activité) et de leur capacité.

  • La typologie de l’établissement est désignée par une lettre : par exemple, J : Structures d’accueil pour personnes âgées ou personnes handicapées.
  • Les ERP sont également classés en cinq catégories en fonction de leur capacité : à partir de 1 501 personnes (catégorie 1), de 701 à 1 500 personnes (catégorie 2), de 301 à 700 personnes (catégorie 3), jusqu’à 300 personnes (catégorie 4), en fonction des seuils d’assujettissement (catégorie 5).

L’immeuble de grande hauteur (IGH)

Un immeuble d’habitation est classé IGH lorsqu’il dépasse 50 mètres de hauteur. Les autres bâtiments sont considérés IGH lorsqu’ils dépassent 28 mètres de hauteur.

L’arrêté du 30 décembre 2011 détaille les impératifs de protection des immeubles de grande hauteur contre les risques d’incendie. Ils doivent notamment :

  • Être compartimentés en espaces de 2 500 m² et 75 mètres maximum, étanches au feu et aux fumées,
  • Être obligatoirement équipés de portes coupe-feu et de parois résistantes au feu.

 

Bien choisir ses matériaux

Le choix de matériaux et de produits adaptés participe à la prévention du risque incendie. Plaques de plâtre, bloc-portes et trappes d’accès sont en effet sélectionnés pour leurs qualités coupe-feu.

Les plaques de plâtre résistantes au feu

Certaines plaques de plâtre sont spécialement conçues pour résister au feu et empêcher la propagation d’un incendie. Ces modèles sont renforcés par l’incorporation de matériaux retardant la combustion : fibres de verre et vermiculite.

On les retrouve dans de nombreux domaines :

plaques feu

Les portes et trappes d’accès coupe-feu

La pose d’une porte ou d’une trappe coupe-feu est un excellent moyen de lutter contre la propagation des flammes en cas d’incendie.

  • En compartimentant les zones enflammées, la porte coupe-feu contribue à l’évacuation des personnes en toute sécurité.
  • La trappe de visite coupe-feu permet d’accéder aux gaines techniques. Elle peut s’utiliser au mur comme au plafond et s’installe sur une cloison en plaques de plâtre.

Les portes et trappes coupe-feu sont classées en fonction de leur résistance au feu : un bloc-porte EI30 est coupe-feu durant 30 minutes, par exemple.

porte coupe-feu

 

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